Libre-échange ou protectionnisme ? Ce que disent les théories économiques
Face aux tensions commerciales, à la montée des nationalismes économiques ou encore à la relocalisation des chaînes de production, le débat revient avec force : faut-il protéger ses frontières économiques ou miser sur l’ouverture totale des marchés ? En 2025, ce dilemme prend une tournure particulièrement stratégique, à l’heure où les grandes puissances redéfinissent leurs priorités. Retour sur les grandes théories économiques qui ont structuré ce débat depuis des siècles.
Libre-échange : l’ouverture comme moteur de croissance?
Le libre-échange repose sur la suppression des barrières douanières et la fluidité des échanges internationaux. Dès le 18ème siècle, Adam Smith (théorie des avantages absolus) et David Ricardo (avantages comparatifs) posent les fondations. Chaque pays a intérêt à se spécialiser là où il est le plus efficace, et à commercer pour le reste. Pour eux, le commerce international est un jeu à somme positive : tout le monde y gagne grâce à une meilleure allocation des ressources et des gains de productivité.
D'une façon générale, les partisans du libre-échange y voient :
- Une source de croissance économique par la spécialisation des pays
- Une baisse des prix pour les consommateurs
- Une stimulation de l’innovation par la concurrence
Le protectionnisme : une réponse aux déséquilibres
À l’opposé, le protectionnisme défend l’idée que certaines barrières (droits de douane, quotas, subventions locales, normes techniques ou environnementales restrictives) sont nécessaires pour :
- Préserver l’emploi local.
- Relocaliser la production.
- Sécuriser des secteurs jugés sensibles (agriculture, énergie, défense…).
- Limiter les effets pervers du dumping social ou environnemental.
Actualité brûlante : le retour du protectionnisme américain, la vision mercantiliste de Trump
Depuis janvier 2025, les États-Unis ont intensifié leurs mesures protectionnistes, notamment dans les secteurs des semi-conducteurs, des véhicules électriques et de l’agriculture. Le « Jour de la libération » du 2 avril a marqué un tournant, avec l’annonce de nouvelles taxes sur les importations chinoises et européennes. En réaction, la Commission européenne a proposé un plan de 250 milliards d’euros pour soutenir ses propres industries face à cette concurrence jugée déloyale.
Avant même la montée du protectionnisme moderne, le mercantilisme dominait l’économie au 17ème siècle . Cette doctrine prône l’accumulation d’excédents commerciaux comme source de puissance nationale. Une version contemporaine de cette logique est illustrée par Donald Trump, pour qui le commerce est un jeu à somme nulle . Pendant ses mandats, il a adopté une politique agressive de droits de douane et de renégociation des accords pour maximiser les gains bilatéraux des États-Unis. Le commerce devient un « sport de combat », où chaque déficit commercial est vu comme une perte de souveraineté.
Vers un protectionnisme sélectif ?
La tendance actuelle n’est pas un rejet total du libre-échange, mais plutôt une volonté de le réguler . On parle désormais de :
- Protectionnisme éducateur (Friedrich List, 19ème siècle) : pour permettre à une économie ou un secteur d'activité de se développer avant de s’ouvrir.
- Protectionnisme vert : imposer des normes environnementales aux importations.
- Souveraineté économique : relocaliser les chaînes de valeur critiques (santé, énergie, numérique) pour maintenir une certaine indépedance sur des secteurs jugés stratégiques.
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Par MB - le 20/08/2025